SLAG&RX New York

Naomi Safran-Hon

Twice Broken Heart

SLAG&RX a le plaisir de présenter Twice Broken Heart, une exposition de nouvelles œuvres de Naomi Safran-Hon. Ce récent corpus d'œuvres marque un nouveau chapitre dans l'exploration continue par Safran-Hon d'histoires chargées, douloureuses et intimes où le langage de l'art apporte un message d'espoir.

L'élément central de cette exposition est la reconnaissance des limites profondes du langage face à la guerre et à la dévastation. Les mots manquent souvent et échouent, et le travail de Safran-Hon offre un vocabulaire visuel pour les expériences qui résistent à la narration ou à l'explication simple. Elle embrasse des récits apparemment contradictoires, à la fois sur le plan conceptuel et dans le cadre de son processus d'atelier généreusement stratifié. La combinaison de la destruction et de la réparation, évidente dans « River and Sea », devient une métaphore puissante pour des histoires plus vastes qui dépassent souvent les limites du discours conventionnel sur les conflits, les déplacements et les pertes. Les bandes de dentelle jouent avec les graffitis et le ciment qui gonfle à travers les motifs textiles ornés semble croître et se décomposer simultanément. Les œuvres nous aident à voir non seulement une histoire importante, mais aussi à envisager un avenir imaginaire.

Depuis plus de 15 ans, Safran-Hon remet en question et complexifie la réalité et la fiction de l'étroite bande de terre entre le Jourdain et la mer Méditerranée, qui est une source de tensions géopolitiques. Sa technique met en avant l'architecture comme vecteur de narration, exposant les tensions et créant une expérience visuelle guidée par l'empathie et la curiosité. Ses photographies de bâtiments abandonnés dans sa ville natale de Haïfa, en Israël, sont au cœur de sa pratique et révèlent des maisons délabrées où les habitants palestiniens d'origine n'ont pas été autorisés à y retourner. Ces bâtiments constituent une métaphore puissante qui examine ce qui reste, ce à quoi on revient et ce que la structure d'un espace a encore à offrir. Elle transforme ces images en peintures dimensionnelles qui remettent en question notre idée préconçue de ce qu'est un foyer. L'expression « deux fois le cœur brisé » décrit typiquement une relation entre individus, mais ici l'intimité et la gravitation se dirigent vers ce lieu complexe.

Après les expositions précédentes Tight Connections et All My Lovers, ce nouveau corpus d'œuvres poursuit une exploration fertile des points de contact et de la proximité. La technique de Safran-Hon conserve un intérêt fondamental pour la photographie en tant que clé tangible qui ancre l'image dans la réalité et l'espace, tout en introduisant des moments de figuration. Cependant, ses matériaux sculpturaux - ciment, dentelle et divers textiles - occupent de plus en plus de place dans la composition. Les coutures exposées entre les éléments photographiques et la riche application de nouvelles surfaces et profondeurs obligent à une double prise de vue. Dans « Walls for Hope in Color (two portraits) », Safran-Hon va même jusqu'à présenter une approche photographique d'un côté du diptyque, tandis que l'autre sert sa pratique sculpturale. L'image passe de deux à trois dimensions, jouant avec la perception lorsque l'œil navigue dans les textures ondulantes et les motifs intégrés, forçant le spectateur à décoder les éléments qui sont des faits et ceux qui exigent un regard plus critique.

Ces moments de processus visible sont intentionnels et renforcent le caractère arbitraire des frontières. Elle démolit et reconstruit avec la même vigueur, laissant souvent des épingles à coudre en place ou apposant des restes de peinture d'une œuvre antérieure pour les superposer à la composition suivante. Les bords deviennent particulièrement importants, créant un voyage à travers la matière où chaque tranche, point et coulée laisse une impression, une marque d'histoire.

Le ciment est un matériau clé pour Safran-Hon : c'est le matériau de construction fondamental que l'on retrouve dans toutes ses images architecturales et qui est omniprésent dans chaque photographie. La dentelle, en revanche, évoque la vie de famille, le soin et l'artisanat. Nous imaginons la transmission de traditions personnelles avec chaque fil doux et souple. En travaillant avec des objets posés à plat plutôt que sur le mur, elle embrasse la physicalité et la pression du ciment qui pousse à travers la dentelle. Ces techniques novatrices et ces nouvelles associations confèrent à l'œuvre une ouverture à la forme et aux possibilités offertes par les espaces.

Outre les intérieurs architecturaux, l'exposition présente également des peintures de cactus qui introduisent un contexte historique plus large. Ces cactus, venus du Mexique au XVIe siècle et utilisés par les communautés palestiniennes comme clôtures naturelles, servent de marqueurs visuels des villages palestiniens détruits dans le paysage israélien. Les Israéliens ont également reconnu l'importance de cette plante dans le paysage, appelant leur première génération née sur la terre « sabra », le nom hébreu de la plante. Dans l'installation, elles fonctionnent comme des interruptions des toiles architecturales, montrant la nature se réappropriant l'espace - un témoignage silencieux d'histoires que les récits officiels pourraient négliger ou traiter de manière inadéquate.