Broderie monumetale, installation site specific
Les interventions artistiques sur les plafonds des édifices réligieux représentent souvent la promesse d’un paradis futur par des nuits étoilées ou rayons de soleil divins, des nuages chargés d’angelots, des ascensions des Vierges en majesté.
Le Paradis brodé proposé par Julio Villani opère une transmutation dans cette représentation : c’est un ciel inversé, fait de vers et lézards, de cailloux et nuages de rosée, de constellations de poussières qui fait ici office de voûte celeste. La poésie de Manoel de Barros souffle ici et là dans la composition.
Les objets de langage sont régulièrement utilisés par l’artiste comme un piège poétique ; ici, combinés à des dessins, les textes constituent les ingrédients narratifs d’un territoire affectif destiné à créer un registre du réel.
Car sous ses airs candides, c’est bien de ça dont parle l’artiste : élaborer la société idéale – notre image du paradis sur terre – dépend des lignes qu’on y trace, des traces qu’on y laisse.
Plongeant dans le sens inverse de la gravité – plantant les pieds dans le ciel, nous obligeant à tourner le visage vers le haut pour lire les vers du poète aux yeux résolument tournés vers le sol – Villani trace, par des lignes qui portent nos actions de sol à sol – de ciel à ciel –, une médiation entre narration et action.
Un voile légèrement transparent lui sert de support; juste assez pour ne pas dissimuler ce que l’avenir nous réserve : il n’y a pas de paradis isolé de la réalité qui nous protège ; on récolte ce qu’on brode.
Commissariat Roberta Saraiva
Œuvre réalisée dans l’atelier de Lina Bo Bardi, en collaboration avec Camila Prado et Flauzina Rocha Ribeiro | ONG Costurando Sonhos, G10, Paraisópolis. Participation : Thais Borducchi, Laura Del’Acqua, Beatriz Cereser, Vinicius Amaral, Pedro Avila, étudiants du Centro Universitário Belas Artes.