Exposition collective | Chaumont-Photo-sur-Loire
Qu’est-ce que la nature ? Qu’est-ce que la photographie ? Quels sont leurs liens avec l’architecture ? Chaque année, Chaumont-Photo-sur-Loire propose des réponses singulières à ces questions. Des réponses qui ne sont ni doctes, ni théoriques, mais sensibles. Des images de nature, qui nous révèlent quelques secrets, tant sur le sujet photographié, que sur celui qui tient l’appareil ou sur le médium en lui-même.
Cette sixième édition de Chaumont-Photo-sur-Loire rassemble six artistes que l’attrait de la nature a rendu poètes et magiciens. Qu’ils aient choisi d’en observer un détail ou d’embrasser un paysage entier, ils ne dissertent pas, mais se tiennent chacun à l’orée d’un temps qu’ils nous offrent en partage. Hors de tout contexte, l’image parle d’elle-même.
Sans repères, l’œil s’investit, tandis que l’esprit s’enthousiasme de curiosité. Qu’observe-t-il ? Des graines comme des joyaux, des algues comme des lierres, des architectures comme des paysages. Quand le ciel s’efface dans la mer, les arbres se dessinent sur un horizon blanc. La poésie est le fil solide qui mène les regards d’une œuvre à l’autre, d’un artiste à l’autre.
Si chaque édition de Chaumont-Photo-sur-Loire est l’occasion pour nous d’attirer l’attention des visiteurs sur le caractère précieux et fragile de la nature, cette sixième édition est volontairement plus silencieuse et méditative, qualités propices à provoquer l’émerveillement plutôt que la prise de conscience, tant nous sommes fondamentalement convaincus que notre société a besoin de beauté et de douceur.
Dans les Galeries hautes du Château, Éric Poitevin présente sous-bois, arbres et autres plantes séchées. Ce grand artiste français, qui revisite à travers la photographie les différents genres de l’histoire de l’art – portrait, paysage, nature morte, nu –, n’a pas son pareil pour saisir l’instant et engager un dialogue avec le visiteur.
Dans un tout autre registre, le non moins réputé photographe coréen Bae Bien-U accroche une fois encore ses magnifiques paysages au Domaine de Chaumont-sur-Loire. Connu en France pour ses forêts mystérieuses, capturées en plan serré, il présente les vastes étendues de la série Orum, images de collines volcaniques aux allures picturales.
Toujours au Château, le photographe à la triple nationalité – canadienne, italienne et serbe –, Ljubodrag Andric investit les Galeries hautes avec des images d’architecture, comme gagnée par la nature. Totalement décontextualisées, elles se présentent telles des énigmes de matière et de lumière, véritables échos de temps passés.
La série Graubaum und Himmelmeer proposée par Loredana Nemes est, elle aussi, captivante. Subjuguée par Rügen, la plus grande des îles allemandes de la mer Baltique, l’artiste d’origine roumaine nous entraîne dans son émerveillement et nous fait découvrir des paysages à couper le souffle. Dans l’Asinerie, ses photographies, composées comme des tableaux, donnent à voir le cycle majestueux des saisons.
Autre voyage exceptionnel que celui auquel invite Nicolas Floc’h. Dans la Cour Agnès Varda, l’artiste français présente Initium Maris, une sélection d’images de luxuriantes forêts sous-marines réalisées en Bretagne. À l’opposé de l’iconographie sous-marine habituelle, ses splendides photographies en noir et blanc initient aux merveilles si peu connues des océans, en même temps qu’elles servent de levier à l’imagination.
Pour clore cette 6e édition de Chaumont-Photo-sur-Loire, nous espérons vous surprendre encore avec une série exceptionnelle réalisée par Thierry Ardouin. Depuis 2009, le photographe français s’intéresse au monde des graines. Résultat d’une mise au point très délicate et d’un temps long de prise de vue, chaque image est une découverte extraordinaire de l’une d’elles. Pour que la beauté ensemence le monde.
Commissaire : Chantal Colleu-Dumond