RX&SLAG a le plaisir de présenter Last Rites, la première exposition personnelle à Paris de l’artiste new-yorkais Paul Joseph Vogeler. Un accrochage de ses plus récentes peintures questionnera les notions de spiritualité, sensualité et d’existentialité, récurrentes dans son travail, à travers des représentations poignantes de la forme humaine, des animaux et des natures mortes.
Dans un monde contemporain de politiques identitaires et de guerres culturelles, P.J. Vogeler cherche à peindre la vérité de notre existence constamment en conflit avec elle-même. Il plonge dans l’art du renouveau catholique et transpose des thèmes complexes et intemporels dans des manifestations contemporaines. L’artiste recherche un sens plus profond dans un monde pris dans le matérialisme séculaire, en se tournant vers la génération précédente plus proche de l’authenticité picturale et de la maîtrise de l’artisanat. Ses peintures sont sombres etsubliminales, et les figures solitaires se trouvent dans des espaces psychologiques méditatifs ; mais il y a de l’espoir, il y a de la lumière au milieu de l’obscurité, et P.J. Vogeler vous invite à y plonger.
Last Rites explore la fascination de P.J. Vogeler pour l’existence et la nature immuable et dichotomique de l’humanité, à la fois déchue et divine. Ses récits explorent un univers intemporel et infini, ainsi que la vie au-delà de la mort. Catholique pratiquant, l’artiste a étudié et passé de nombreuses années avec les frères dominicains et franciscains, se retrouvant souvent au milieu de deux philosophies coïncidant au sein d’une même Église. Son tableau Entombment nous rappelle la mise au tombeau du Christ dans la grotte après sa crucifixion. Cet autoportrait de P.J. Vogeler est le point central de cette peinture à l’huile, qui représente l’artiste endormi sur un simple lit de camp dans sa propre caverne - son atelier. L’artiste avait récemment assisté à une conférence sur le Suaire de Turin et était fasciné par l’événement phénoménal de la résurrection qui a imprimé une représentation du Christ sur son linceul. Le récipient au premier plan, une céramique espagnole traditionnelle, symbolise l’âme, notre corps qui la contient et la réunification prochaine du corps et de l’âme à la fin des temps. La quiétude symbolique incarne le repos : le repos littéral du peintre après l’acte de création, mais aussi le repos éternel de l’âme dans un royaume au-delà.
The Tomb of Saint Francis a été inspiré par les récents voyages et expositions de l’artiste à Madrid, en particulier par les oeuvres des peintres catholiques Zurbarán, Ribera et Velasquez, qui ont travaillé au milieu d’une marée de réformistes. L’artiste a également été profondément marqué par l’imagerie obsédante de Goya, en particulier par sa série Les désastres de la guerre, de magnifiques gravures grotesques qui rappellent au spectateur la nature souvent infernale de l’humanité. Dans cette peinture, Saint François tient un crâne, regardant vers le bas, réfléchissant à sa propre mortalité. Le crâne, ainsi que le récipient en céramique que l’on retrouve souvent dans les peintures de l’artiste, sont des Memento Mori, un rappel du fait que ce que nous faisons ici résonne dans l’éternité. L’intérieur ombragé de Saint François est intensément psychologique, la lumière semble provenir d’une source extérieure, mais aussi de l’intérieur. Il est représenté sans chaussures, les franciscains étant connus pour leur voeu de pauvreté. Nous sommes introduits dans les catacombes non seulement de la dernière demeure de Saint François, mais aussi de son esprit et de son âme : de la réflexion humaine et de ses moments de faiblesse lorsqu’il s’agit de remettre en question le plan divin.
L’artiste examine les natures mortes traditionnelles avec Vessel with Hare, Still Life with Peaches and Pewter Plate. Sa peinture Carpenter’s Chalice nous offre un autre récipient pour La Cène, cette fois un simple pot d’argile. L’assiette en étain, ainsi que d’autres objets en argent de sa collection, sont des héritages familiaux recueillis par sa mère et donnés à son fils pour qu’il les conserve et les transmette aux générations futures. L’artiste les utilise pour construire une nature morte traditionnelle de pêches jaunes, un fruit à noyau d’été posé sur de l’étain désuet, un moment de beauté au sein d’un temps qui s’atrophie. Le fruit brunira et pourrira, sa chair retournant à la terre, tandis que son homologue métallique continuera à vivre.
Dans Inferno, Vogeler peint Dante, le protagoniste du chef-d’oeuvre d’Aligheiri. Le regard de Dante se détourne de nous : nous assistons à son tourment et à son voyage dans l’Enfer. Le tableau The Fool est un autoportrait de l’artiste, qui s’est peint comme un bouffon de Vélasquez, projetant la lamentation insécure à laquelle succombent de nombreux peintres lorsqu’ils tentent de maîtriser leur art. Dans cette collection de peintures, on retrouve également l’élément fétichiste qui apparaît initialement dans Birth et Angst, où les figures féminines sont incapables d’être vues ou de parler. Dans le tableau Geneviève, une femme est vêtue d’une simple robe, seule dans un espace intérieur à la Hammershøi, prise dans un moment de réflexion - un moment d’introspection personnelle ; cela nous rappelle les portraits stoïques de Whistler.
Paul Joseph Vogeler est un artiste qui vit et travaille à New York. Il travaille principalement la peinture, le dessin et la gravure. Vogeler a étudié l’architecture et le design avant de terminer son BFA à la School of Visual Arts en 2009, et son MFA au Hunter College en 2021. Il a exposé à l’international notamment à New York, Berlin, Zurich, Karlsruhe, Budapest, Detroit, Bogota. Ses oeuvres figurent dans les collections de la Berlinische Galerie Museum de Berlin, du Bishopsgate Institute de Londres et du Musée national de Rio de Janeiro. Il est l’auteur de Die Sterne Über Mir, un jeu de tarot créé à partir de 78 blocs de linoléum qu’il a lui-même gravés.