Galerie RX, Paris

NATURE

Group show

Il s’agit de la deuxième exposition réunissant neuf artistes dont les œuvres respectives conduisent à une thématique commune : la Nature. Sous différentes formes, les œuvres laissent à penser que la nature reprend ses droits et où l’entremêlement des liens entre homme et nature se disloque par la magnification de cette dernière, rendant hommage à la matière et ce qui constitue la substantifique moelle des éléments qui nous entourent. Sculptures, installation, peintures, dessins et photographies dialoguent autour de problématiques actuelles telles que l’écologie, la maltraitance et la considération animale, ou pour démontrer l’importance de communier avec la nature, dans un parcours contemplatif, parfois ésotérique, qui interroge ceux qui les regardent, à mieux saisir nos environnements vitaux.

 

Bae BIEN-U

La transmission des énergies et la poésie qui émane des lieux naturels sont les maîtres mots des œuvres de Bae Bien-U. Il construit ses œuvres autour de la mythologie coréenne, qui considère que les enfants coréens naissent dans les arbres, et qui, de ce fait créent une relation unique avec la nature, dans une dimension mystique où l’homme et l’arbre ne font qu’un.

Cette nature imposante et silencieuse, presque dormante, résonne comme un appel à la méditation. Toute la spiritualité qui s’en dégage offre à ceux qui les regardent une force tranquille, une respiration face à l’immensité des végétaux. La mystification de ses œuvres tisse des liens entre les racines et le ciel et fige cet esprit magique et contemplatif, sans présence humaine, dans un calme absolu. La force vitale des œuvres se ressent dans la grandeur des troncs et des branches, comme une nature qui murmure à l’homme de venir communier avec elle.

 

Elger ESSER

Elève de Bernd et Hilla Becher à la Kunstakademie de Düsseldorf, il se démarque de leur enseignement lorsqu’il découvre le paysage. Les paysages d’Elger Esser sont intemporels, où ni la figure humaine, ni son empreinte ne sont visibles. Ils sont vierges de toute manipulation et simple dans leur composition. Dans ses photographies prises grâce au processus de longue pose, la terre, l’air et l’eau sont presque indifférenciés et se concentre sur l’infinie étendue des horizons. Ses photos, témoignages entre histoire et mémoire sont inspirées par les écrits de Proust, Flaubert ou Maupassant. Par ses héliogravures (impression sur cuivre) Il puise dans le XIXe siècle ses inspirations littéraires et picturales ainsi que les techniques qu’il expérimente et réinvente.

 

Jean-François FOURTOU

Véritable citadin, Jean-François Fourtou a vécu de nombreuses années dans un environnement urbain, mais c’est à la campagne à Marrakech, où il vit à présent, qu’il trouve son équilibre. Son œuvre explore l’imaginaire et la démesure en confrontant le réel de ce qui nous entoure par l’occupation même de l’espace. A travers ses installations et sculptures gigantesques, il nous fait voyager dans son univers où la nature est mise en exergue et où la cohabitation entre les animaux et les hommes semble tangente : « Pendant longtemps je me sentais décalé, comme mes sculptures d’animaux, parasitant de manière incongrue dans les espaces urbains ». Trompe d’éléphant apparait face à nous, d’abord par sa grandeur puis par le caractère inopiné de sa présence. Cette place publique qu’il accorde à ses animaux gigantesques, Fourtou le justifie en s’affranchissant, au contact quotidien de la nature, « de ce cadre architectural et citadin ».


Tamara KOSTIANOVSKY

L’œuvre de Tamara Kostianovsky nous témoigne une dichotomie entre l’aversion de la maltraitance animale et le voyeurisme morbide qui s’en dégage. Pour cela, elle utilise des vêtements mis au rebut pour créer des installations et des sculptures marquées par ce consumérisme banalisé patent. Tamara Kostianovsky base sa réflexion sur ce mélange entre violence et intimité qui émane de ses créations. Elle se questionne sur la dimension regardable de l’horreur qu’elle transmet alors qu’on peine à poser nos yeux sur l’urgence écologique et environnementale. Elle pousse ainsi le consommateur à réétudier le sens des droits de l’homme et faire face à cette normalisation spéciste en portant un regard réaliste sur les questions environnementales, animales et sociales qui forgent nos sociétés.

 

Christian LAPIE

L’espace occupe une grande place dans le travail sculptural de Christian Lapie, où grandeur et minimalisme amènent à la contemplation de ces imposantes sculptures de bois dans une légèreté poétique semblable à la méditation. Christian Lapie l’affirme lui-même, en considérant ses œuvres comme un « indice poétique pour un imaginaire » où l’œuvre doit ressembler à un poème.

Cette connexion qu’il entretien avec les arbres vient de sa rencontre de l’Amazonie, où la déforestation de masse dévaste et abîme la nature. C’est dans ces arbres qu’il sculpte ses œuvres, leur redonnant la force d’être à nouveau debout, hissés vers le ciel. Le caractère spectaculaire de ses sculptures révèle toutefois un silence ahurissant, où seule résonne la spiritualité qui s’en dégage et engendre ainsi un lien profond à la transcendantalité par leurs formes longilignes, comme pour toucher du doigt l’au-delà.

 

LEE Bae 

La dimension abstraite des œuvres de Lee Bae est caractéristique des formes noires qu’il réalise au charbon. Dans le détail du noir qui imprègne chacune de ses œuvres, le spectateur fait face à la profondeur des nuances et à la réalisation de ces formes qui se suffisent à elles-mêmes sans volonté d’appartenir à une quelconque symbolique. La dimension abstraite des œuvres de Lee Bae est caractéristique des formes noires qu’il réalise au charbon. Dans le détail du noir qui imprègne chacune de ses œuvres, le spectateur fait face à la profondeur des nuances et à la réalisation de ces formes qui se suffisent à elles-mêmes sans volonté d’appartenir à une quelconque symbolique. A son arrivée en France, en 1990, Lee Bae a construit son œuvre autour d’un subtil mélange d’art abstrait occidental et de codes et pratiques artistiques traditionnels de la culture coréenne. Depuis, son travail n’en cherche pas moins à s’émanciper de ces influences diverses. L’évolution de son œuvre montre la volonté d’exprimer une certaine vision extérieure du monde qui laisse place petit à petit à la révélation d’un paysage intérieur. Ainsi s’est-il concentré sur l’idée de nature qu’il développe à travers à la fois un constant renouvellement de formes et de matériaux et aussi une quête spirituelle et méditative. Cette pensée « vers l’intérieur » est un point commun que Lee Bae partage avec les artistes du mouvement coréen « Dansaekhwa ». Ce dernier a notamment développé une recherche fondamentale et expérimentale, sorte d’espace de réflexion, fondée sur le rapport harmonieux de l’homme avec la nature.

 

Hermann NITSCH

Pour Hermann Nitsch, la nature représente un mélange de la spiritualité, de la réalité physique et de la férocité de la vie. Celles-ci se manifestent principalement en rouge. Nitsch voit cette couleur comme « la plus intense » puisqu’elle représente « la couleur de la vie et de la mort en même temps ». Le rouge est fondamentalement inséparable de la nature des êtres humains et de la vie. 

"Je suis captivé par les religions de n'importe quelle époque et de n'importe quelle culture. Sans être adepte de l'une d'elles en particulier, je les respecte toutes. Je n'éprouve de sentiments religieux que pour la vie, la nature, le cosmos et l'éternité."

 

Naomi SAFRAN-HON 

L’œuvre de Naomi Safran-Hon mêle différentes disciplines comme le dessin, la photographie, la sculpture et la peinture et se concentre sur les matériaux afin de dévoiler un propos qui dépasse la surface. Elle mélange avec du ciment et de la dentelle, des barbelés transformant ces images en peintures mixtes. Toujours dans un esprit de brisure, elle abime volontairement les fleurs qui constituent ses toiles, les recouvre d’un surplus de matières dévoilant une nature qui se bat avec elle-même. Les travaux de Naomi Safran-Hon sont des déclarations captivantes sur la fragilité de l’expérience humaine, la complicité de sa propre nature, et la vicissitude de l’identité collective.

 

Paul WESENBERG

Abimer, déchirer, bousculer les codes de la toile lisse, Paul Wesenberg en fait son œuvre. Cette toile « irritée » n’est plus le résultat d’un pinceau réalisant des aplats, mais bien la superposition de matières, des peaux sèches qui entourent les tubes de peintures à huiles. Il récupère et manie l’entièreté du procédé artistique. Cette importance qu’il accorde à la matière Wesenberg la considère comme une véritable identité et affirmation artistique. Ces croûtes de peintures tracent des lignes sur ses toiles et offre la possibilité d’y voir des formes de paysages. L’artiste intitule même ses œuvres par des noms de paysages allemands qui démontre ainsi son attrait pour la nature et ce qui l’environne.