Jean-François Fourtou

« Jean-François Fourtou est heureux de vous annoncer la naissance des Hybridus ! »

Cette nouvelle exposition à la galerie RX & Slag pourrait tout à fait être introduite par un tel faire-part tant il s'agit d'une étape dans le parcours de l'artiste et de la célébration de cette nouvelle famille désormais baptisée « les Hybridus » donc. Les premiers jalons ont été posés en 2020, lorsque Jean-François Fourtou était venu présenter ses Nanitos, ces petits êtres jardiniers qui faisaient les 400 coups. Il nous rappelle leur origine : « Lorsque ma fille était petite, je lui racontais que dans notre maison à Marrakech, il y avait des trous dans lesquels étaient installés des petits personnages qu'on ne pouvait pas voir parce qu'ils passaient très rapidement. Des années après, elle a grandi et j'ai eu 2 enfants nés par GPA. J'ai repensé à mes Nanitos et je les ai fait naître dans le potager de Marrakech. Une fois adultes, ils deviennent des jardiniers à tête de potiron. » Au fur et à mesure des invitations lancées, notamment par le festival Utopia à Lille en 2022 ou à l'occasion de l'exposition « Grandeur nature » au château de Fontainebleau en 2023, Fourtou a ajouté des personnages : les Minitos à têtes de légumes, Mr. & Mrs. Palm à tête de palmiers, et a déjà en tête de poursuivre l'aventure avec des êtres renvoyant aux fonds marins. Et nouveauté pour cette exposition, il s'est attaqué à la broderie – un savoir-faire qui le revoie à son grand-père. Il s'agit pour lui, qui se revendique comme sculpteur, d'une autre approche de la narration : chaque image est comme une case de BD et chacun peut les agencer comme il le souhaite, inventant alors sa propre histoire.

Un travail autobiographique

L'avènement de cette famille n'est qu'une étape dans un travail qui est autobiographique comme il l'admet, un prolongement de lui-même traité avec distance et humour et toujours sous le signe de l'enfance. Il tient à garder le lien avec ce moment fondamental où la magie prime sur la logique, où la capacité d'émerveillement est à son comble. « J'aime imaginer que mon travail s'adresse à des adultes qui ont perdu cette connexion avec l'imaginaire et l'innocence. Ce n'est pas de la nostalgie, mais une invitation à retrouver un peu de ce monde de l'enfance oublié. » Alors, il partage la sienne : « La maison tombée du ciel fait référence à celle de mon grand-père, la maison de géant est celle où j'ai passé mon enfance chez mon arrière-grand-mère, la maison ruche est celle créée pour mes parents... »

Un univers multifacettes

Le monde de Jean-François Fourtou s'agrandit au fur et à mesure qu'il explore son histoire familiale et qu'il raconte la sienne en un récit chorale : chaque personnage inventé devient un narrateur d'un chapitre d'un récit qui est comme un work in progress mais aussi une sorte de parcours initiatique. Si chaque exposition est l'occasion de découvrir une facette de l'univers de Fourtou, on pourra embrasser le tout à Marrakech dès la fin de l'année où il ouvrira son domaine au public. Là, face aux animaux foutraques, aux maisons surdimensionnées, aux Nanitos, Minitos, papillons, abeilles..., les choses tomberont comme évidence. L'invasion continue...

Commissariat : Christophe Langlitz