ELGER ESSER

Pour sa nouvelle exposition à la Galerie RX, Elger Esser présente un ensemble de photographies de paysages français, sublimés par les techniques de l’impression sur cuivre et de l’héliogravure qui lui sont propres. Ses tonalités et ses sujets impressionnistes dressent un portrait sensible d’univers tantôt façonnés par l’eau et la végétation, tantôt par la pierre jusque dans l’intimité d’une maison du XIXe siècle (Maison Mantin). L’absence d’indicateur temporel et l’usage de temps de pose long capturent l’instant dans le temps et la durée.

Artiste photographe franco-allemand, Elger Esser a été l’élève de Bernd et Hilla Becher à la Kunstakademie de Düsseldorf. C’est en découvrant la photographie de paysages qu’il se démarque de leur enseignement. Avec sa chambre photographique, il sillonne de nombreux pays, capturant et répertoriant des paysages intemporels où ni la figure humaine, ni son empreinte ne sont visibles.

Puisant dans le XIXe siècle ses inspirations littéraires et picturales, ses photographies sont des témoignages d’une histoire et d’une mémoire inspirées par les écrits de Flaubert, Maupassant ou Proust, comme c’est le cas pour les œuvres de la série Combray. Il emprunte ici le nom de cette ville imaginée dans « A la recherche du Temps perdu ». La localisation géographique est précisée mais Elger Esser nous emmène au-delà, dans des lieux presque imaginaires où le temps est suspendu. Loin de l’idée de retranscrire la réalité, son œuvre s’envisage davantage comme une invitation au voyage. Quant aux techniques qu’il expérimente (héliogravure, impression sur cuivre), elles ne sont pas sans rappeler les paysages impressionnistes et certaines couleurs orientalistes, accentuant le sentiment fort et puissant d’intemporalité. L’œuvre d’Elger Esser tient en sa capacité à nouer avec le spectateur, une intimité nourrie d’histoire et de mémoire où le processus de disparition des traces humaines, végétales et animales rend son œuvre hors du temps.

Perdues dans l’espace les œuvres d’Elger Esser nous rappellent cette faculté qu’à l’artiste de figer le temps, un temps, son temps, nous laissant ainsi libre de l’interpréter.