La Galerie RX s’installe à New York en partenariat avec SLAG Gallery et est heureuse d’inaugurer son nouvel espace avec une exposition personnelle du photographe Bae Bien-U.
Bae Bien-U exerce l’art de la photographie depuis une quarantaine d’années. Il est aujourd’hui devenu incontestablement le plus grand photographe coréen. Reconnues dans le monde entier, ses œuvres au langage universel reflètent avant tout la préoccupation des hommes à vivre en harmonie avec la nature.
Avec ce premier solo show à la galerie RX – New York, le Coréen Bae Bien-U réunit quatorze photographies monumentales sous le titre de « Works 1995 - 2015 ». On y retrouve les thèmes chers à l’artiste avec les forêts de pins et les îles volcaniques. Le Domaine de Chaumont-sur-Loire avait consacré une exposition à ces montagnes monumentales en 2019.
« Sonamu »
Si le succès de ses photographies de pins a conduit Bae Bien-U à revenir sans cesse sur ce sujet, c’est d’abord en vertu de la charge symbolique de cet arbre en Corée. Dans la tradition coréenne, le pin est en effet fondamental : les êtres humains sont censés, selon diverses légendes, y naître, y vivre, y mourir, et l’arbre tenait une place centrale dans la vie quotidienne comme dans la vie spirituelle.
Contrairement à la photographie de paysage américaine, dont il peut par ailleurs se réclamer, Bae Bien-U ne propose jamais de vision totalisante des arbres qu'il photographie, mais tronque leur verticalité dans l'horizontalité de ses clichés, selon une volonté d'expressivité et d'abstraction qui peut faire songer, çà et là, au Mondrian des années 1910. Le polyptyque composé de six panneaux est emblématique de cette tendance : d'un panneau l'autre, l'image des arbres se déplace de guingois, telle branche s'ajointe mal, telle autre se trouve tout bonnement décalée ou brusquement interrompue. Car il s'agit moins de capter sur le vif telle ou telle image donnée que d'en construire, patiemment, l'agencement. Il rejoint de fait, en cela, le fonds légendaire de la forêt, qui constitue lui aussi une construction imaginaire : par la fiction des images qu'il propose, l'artiste arrache le motif à son contexte. Peu importe alors que telle photo ait été prise à Chambord ou Gyeongju, puisque c'est moins son inscription topographique qui compte que sa percussion esthétique et, sans doute, spirituelle.
« Catch the Wind »
La série « Orum » que Bae Bien-U poursuit depuis une vingtaine d’année est portée par cette volonté de l'artiste de révéler l'intangible à travers la matérialité de la photographie, de capter cet élément invisible qu'est le vent qui peut s'avérer d'une force démesurée lorsqu'il se fait typhon. « On peut entendre le vent mais on ne peut le voir qu'à travers l'eau, les arbres ou les montagnes. » D'où l'autre nom qu'il associe à cet ensemble, « Windscape ».
Ses formats sont toujours monumentaux, et alors que dans ses forêts de pins il favorise l'immersion du spectateur, ici, en jouant sur la ligne d'horizon qu'il place soit très haute, soit très basse, il nous tient à distance. Ses montagnes sombres aux courbes féminines se détachent sur des ciels clairs en des compositions flirtant avec l'abstraction. Ces cadrages serrés, qu'il découpe parfois en polyptyques, sont des espaces méditatifs où l'esprit seul peut pénétrer. Bae Bien-U recherche des témoignages de la spiritualité dans les paysages qu'il sillonne, sentiment renforcé ici par l'épuration des compositions. Par le minimalisme qui se dégage, on ne peut que faire le lien avec le photographe japonais Hiroshi Sugimoto.
Bae Bien-U, photographe de paysage
Il se définit comme un photographe de paysage, marqué par la façon dont Ansel Adams a révélé la beauté des paysages, dont Edward Weston a transfiguré la nature, dont László Moholy-Nagy a maîtrisé la lumière. Influencé par la peinture de paysage traditionnelle chinoise et coréenne, et tout particulièrement par les œuvres de Chung Sun (1676-1759), peintre de la dynastie Choson (1392-1910), Bae Bien-U capte la beauté de l'âme coréenne à travers des paysages symboliques et où l'homme est toujours absent. Il n'est qu'un élément d'un grand tout. Porté par la pensée orientale, il nous rappelle que la nature a une place centrale et qu'on ne peut que vivre en harmonie avec elle.
À propos de l’artiste
Bae Bien-U est né en 1950 à Yosu, dans le Sud de la Corée. Il a été diplômé en 1974 en Beaux-arts à l'université Hong-ik à Séoul et obtient un master en 1978. En 1998 et 1999, une bourse de recherche l'amène en Allemagne, au Département de la Photographie & Design à l’université des Sciences Appliquées de Bielefeld. Il a enseigné la photographie au Seoul Institute of the Arts de 1981 à 2012. Il travaille à la photographie argentique en noir et blanc depuis les années 1970, à une époque où la photographie n'était pas encore reconnue comme une discipline artistique en Corée. C'est par cet attachement à une technique traditionnelle et son contrôle des tirages que ses photographies sont si sensibles et uniques. Il est considéré comme un des plus grands photographes coréens contemporains. Il vit et travaille à Séoul, Corée du Sud.
Le travail de l’artiste est présenté dans de nombreuses collections américaines telles que : The Contemporary Arts Museum, Houston, TX; le Musée de la photographie contemporaine, Chicago, IL; 21C Museum, Louisville, KY; la collection LeWitt; Calder Foundation; Baltimore Museum of Art, Baltimore, MD.
Autres collections publiques et privées : Victoria & Albert Museum, Londres, Royaume-Uni; National Gallery of Victoria, Melbourne, Australie; Le Musée national d’art contemporain, Séoul, Corée; Le Musée national d’art moderne, Tokyo, Japon; LEEUM Sam Sung Museum, Séoul, Corée; Elton John Collection, Royaume-Uni; Afinsa Collection, Allemagne; Isac Andic Ermay, MANGO Collection, Espagne; Collection SISLEY, Italie.
Acquisitions récentes : Victoria and Albert Museum, Londres
Expositions personnelles à venir (2022) : Musée Guimet, Paris et Fondation Wilmotte, Venise, lors de la Biennale de Venise.