RX&SLAG, Paris

Alain Kirili

Défi de l'apesanteur

C’est en mai 2022 dans son espace newyorkais que RX&SLAG a rendu son premier hommage à Alain Kirili, sculpteur franco-américain (1946-2021). Aujourd’hui, après une longue absence de la scène artistique française, c’est à Paris que RX&SLAG lui consacrera une grande exposition qui occupera les 4 salles principales de la galerie.

En parallèle, au Grand Palais à l’occasion de FAB Paris du 22 au 27 novembre 2024, la galerie présentera un solo show d’Alain Kirili avec un ensemble de cinq sculptures Fer forgé (1981-1983). Celles-ci font écho à celles présentent dans les collections du MoMA à New York et à celles qui viennent d’enrichir cet automne les collections du Centre Pompidou à Paris et la Dixon Gallery and Gardens à Memphis, Tennessee.
La série Wall sculptures (2016-2020) sera mise en lumière au centre du stand de la galerie. Une installation de la même série est exposée dans le parcours de la collection permanente du musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint Etienne, dans le cadre de sa réouverture.

Au travers de l’exposition « Défi de l’apesanteur » RX&SLAG présente trois séries distinctes qui s’articulent autour de l’expérimentation. La notion de « verticalité » occupe une place centrale dans le travail d’Alain Kirili. Ayant résidé à New York, il a puisé son inspiration dans l’architecture de la ville, notamment dans la force qui émane de la verticalité des gratte-ciels. Ses créations sont également souvent inspirées par des thèmes comme la spiritualité et la musique avec une prédilection pour le jazz. 

Dans la première salle quatre sculptures issues de la dernière série de l’artiste, Wall sculptures (2017-2018) proposent une vision dansante de la verticalité. Alain Kirili intègre de la couleur à ses œuvres créant alors des tableaux-sculptures. L’artiste a fait le choix de préserver toute la structure et la brutalité de la matière, accentuant alors une puissance qui devient presque incontrôlable. Les courbes des sculptures semblent être empreintes d’une musicalité, chacune suivant un mouvement propre, un rythme unique, telle une composition dynamique visuelle. 

Dans la seconde salle, quatre sculptures issues de la série Ségou (2005) sont dressées telles des ombres graciles. Présentées en 2005 dans le jardin du Palais Royal de Paris, elles étaient plantées directement dans la terre. Dans son travail du fer, Alain Kirili aimait alterner entre deux techniques : l’occidentale et l’africaine. Pour cette série, il a travaillé directement le fer forgé dans la région de Ségou au Mali. Il appréciait le contraste créé par le travail de ce métal, qui présente un durcissement plus particulier par rapport à celui utilisé en Occident. Cette caractéristique, résultant de l’utilisation de matériaux recyclés, donne un grain unique à la sculpture. La technique du martelage, qu’il considérait comme trop peu exploitée dans la sculpture, revêt une grande importance dans son travail.

Sous la grande verrière, six œuvres de la série Equivalences et Uccello (2008) explorent le lien qui relie la sculpture à la métaphysique. Le travail d’Alain Kirili est marqué par une diversité d’influences, notamment celles des traditions modernes de la sculpture, comme celles de Rodin et Brancusi. Cependant, ces influences vont être contrebalancées par des dimensions plus spirituelles. En découvrant les œuvres Palais à 4 heures du matin de Giacometti et Here II de Newman, il perçoit une verticalité qui reflète une identité morphologique à la fois formelle et spirituelle. 

La dernière salle de l’exposition clôt ce parcours sculptural sur une série d’œuvres sur papier datée de 1982 radicale dans la forme et le sujet. Les cinq dessins présentés proviennent de cet intérêt pour le sacré et les Testaments. Pour réaliser ces œuvres, l’artiste trouvera une certaine influence dans la calligraphie japonaise, il suivra notamment une formation avec un calligraphe et voyagera au Japon pour y découvrir cet art traditionnel. 

« Quitte à choquer les gens du monde de l’art, j’insiste et je me répète pour dire que notre époque est beaucoup plus religieuse qu’on ne pense ». Pour Alain Kirili, la modernité n’est pas profane mais bien au contraire elle se révèle être spirituelle et religieuse. Pour lui, la crucifixion est un thème important pour un artiste occidental, c’est un thème qui représente le combat du Christ avec la souffrance. Il considérait cela comme faisant partie d’un patrimoine commun, tel un acte fondateur de notre civilisation. Dans ses entretiens avec Labbey Laday pour qui il a réalisé un crucifix pour célébrer la messe à l’église de Cheuge, il évoque son intérêt pour le sacré dans l’art.