Pour son deuxième solo show à la galerie RX, Samuel Rousseau propose 8 pièces inédites : des œuvres vidéos et des photographies. Cette exposition s'inscrit dans le prolongement direct du travail de l'artiste, qui pose un regard malicieux, poétique et humain sur notre monde. Une œuvre qui a intégré des institutions de référence à travers le monde, du musée de Grenoble au Mori Art Museum à Tokyo, en passant par la fondation Salomon à Annecy, la Collection Hermès ou le Museum of Old and New Art, Hobart en Australie.
Entre métaphore et oxymore
Les dernières œuvres de Samuel Rousseau opèrent un mouvement de balancier entre l'actualité et le temps des étoiles, entre la violence humaine et l'échelle infinie du cosmos, mais aussi entre les archétypes masculins et féminins. Et s'il considère que « l'art est un cri, un hurlement et une façon de résister », la poésie est définitivement son alliée et la meilleure arme pour dénoncer les injustices tout comme les stéréotypes sociaux clivant et excluant. Pour preuve « Bouteilles à la mer » qui renvoie au drame qui se joue en Méditerranée : « J'ai utilisé des bouteilles qui contiendraient un SOS lancé par un naufragé. Malheureusement elles viennent se fracasser sur nos côtes, d'où la projection de visages de migrants morcelés sur ces bouteilles cassées. » Avec « Révolution virale », il revendique sa part féminine et troque le point machiste des luttes anciennes pour une démultiplication des points féminins réunis en une boule hirsute aux allures de virus, rayonnante, prête à se battre sur tous les fronts. Dans sa série de photographies intitulée « J’aurais tellement aimé te ressembler », il affirme son identité et pose la question de la norme puisque l'artiste est affublé d'une taroupe, c'est-à-dire que ses sourcils se rejoignent pour former un « albatros sur le visage » comme il le décrit lui-même. Il le revendique comme Frida Kahlo avant lui. Au fil des 90 photographies qui composent l'œuvre, il a retiré un poil à chaque fois pour se rapprocher d'une sorte de normalité à la dernière.
Une réponse du côté des étoiles ?
Un autre volet d'œuvres nous propulse du côté des étoiles à la recherche des origines de la vie, un mystère qu'il nous narre en détournant une sculpture emblématique de la Préhistoire, la Vénus de Lespugue. « Je me l'accapare et vidéoprojette sur sa peau des images des nébuleuses qui sont le berceau des soleils dans l'univers ; sur son ''mont de Vénus'', je fais apparaître une corolle de pétales de fleurs qui, en s'envolant, forment une double hélice d'ADN qui vole en éclat au niveau de son torse pour se fondre dans le cosmos. » L'autre tentative de réponse se trouve du côté de la « Soupe cosmique » : « Pour nous faire comprendre comment fonctionne l'univers, les scientifiques et autres vulgarisateurs utilisent le terme de ''soupe cosmique'' », le grand bain où les éléments primordiaux se seraient agglomérés et seraient à l'origine de tout. « Je pose un regard espiègle en tanquant dans ma soupe cosmique une cuillère qui va créer une sorte de distorsion de l'espace-temps. »
Samuel Rousseau, artiste vidéo ?
Si Samuel Rousseau est identifié comme un artiste vidéo, il se considère plus volontiers comme un artiste tout court, en évitant de se définir à travers un médium. « Je n'utilise que très rarement la vidéo en projection simple, elle est comme une seconde peau qui vient s'appliquer sur une forme ou sur un objet. Pour moi, l'utilisation de la vidéo tombe sous le sens : comme Néanderthal qui grattait et peignait les parois des grottes avec les ocres à sa disposition, j'utilise les outils de mon époque. »
Tout fait sens chez lui, et ses œuvres suscitent réactions et réflexions, sans fermer le débat, bien au contraire.
Biographie
Né en 1971 à Marseille, Samuel Rousseau exploite principalement la vidéo et les ressources de l’informatique mais ses moyens d’expression sont très variés : sculpture, photo, installation, dessin, arts plastiques, art numérique. Il s’interroge sur l’humanité, le monde contemporain et les médias de masse. La technologie, employée de façon très discrète dans son travail, est strictement au service d’une poésie où le virtuel et le réel s’entrecroisent.
Dans ses boucles vidéo fictionnelles et souvent poétiques, les objets du quotidien, recyclés ou transformés, prennent vie et provoquent des questions nouvelles. Il a été nominé au Prix Marcel Duchamp en 2011 et a reçu la médaille des arts et de l'académie française d'architecture en 2016. Il vit et travaille Ailleurs.