J’ai grandi à Yeosu, un village au bord de la côte méridionale de la péninsule coréenne où se trouvent plus de trois mille îlots qui donnent sur le Pacifique. Lors de mes séjours à l’île Sainte-Marguerite en 2016 et 2017, que ce soit par la fenêtre de ma chambre ou sur les remparts, je pouvais voir au loin les montagnes enneigées des Alpes ainsi que les plages d’Antibes et de Cannes. Cette vue sur la ville opulente depuis une tour antique marquait un contraste frappant avec la quiétude de l’île. Mon quotidien consistait en deux promenades régulières, au lever et au coucher du soleil. Les plages de Sainte-Marguerite se composent non pas de sable doux mais de rochers. Pour survivre dans cet environnement, les pins ont dû s’engager dans une bataille féroce avec la nature. Au lieu de pousser vers le haut, ils ont rampé sur la terre pendant plus d’un siècle. Les pins sur la plage sont donc courbés comme les serpents, formant un corps gigantesque. Ces pins m’ont fait ressentir le caractère sacré de la vie, mais une version différente de ce que m’ont offert les pins coréens de Gyeongju et leurs courbes souples et douces. Ancrés fermement dans le sol comme un parasol, ils ont un charme unique : une allure robuste et résistante. Quand le soleil se couchait, la mer se transformait et les pins brodaient le ciel… Prendre ce paysage en photo ne pouvait jamais m’ennuyer, car chaque jour était encore plus passionnant que le précédent.
Arnaud Bizalion Editeur
BAE BIEN-U
Et les pins brodaient le ciel
15/09/2018