Philippe Pasqua | Monomania
Du 10 octobre au 14 novembre 2020
Aujourd'hui, avec 8 peintures et 2 dessins, il fait une démonstration magistrale de son obsession de toujours : l'art du portrait.
Cette exposition est présentée dans la salle verrière.
Monomania
Philippe Pasqua n'a pas choisi le titre de l'exposition au hasard bien sûr. Monomaniaque, il l'est oui, et boulimique aussi, enchaînant portrait sur portrait depuis les années 1990 dans une quête sans fin. Dans cette série encore inédite, il se concentre essentiellement sur ses proches puisque réalisée lors du confinement dans son appartement à Lisbonne où il réside à l'année. Sa femme, ses enfants, sa mère. Une période toute particulière où il a pu travailler intensément et où il s'est essayé par ailleurs à l'autoportrait. « Comme je peignais ma famille, j'ai eu l'idée de me peindre également et puisque le résultat me convenait, j'ai continué pour en produire 3-4. J'ai bien aimé, mais comme je le dis habituellement, à travers les portraits de gens que je peins, je multiplie des autoportraits, même si cela peut apparaître étonnant. »
Trash et sans pudeur
Il nous livre toujours une vision brute avec des portraits sans concession, sans pudeur, parfois trashs, impression qui est démultipliée par la taille monumentale des formats face auxquels l'expérience devient physique. La nudité d'un enfant généralement naïve est mise au même niveau que celle d'une femme, rien n'est caché. Il n'est pas là pour séduire, non, mais pour égrener des images fortes. C'est que son rapport à la peinture est viscéral. « Il n'y a pas de clé pour aborder mon travail qui est frontal, instinctif et puissant. On voit ce que moi je peins. » Chacun réagit en fonction de ce qu'il y projette. Il répond en cela à la réflexion d'Umberto Ecco dans L'œuvre ouverte : « Toute œuvre d'art est "ouverte" en ce qu'elle peut être interprétée de différentes façons, sans que son irréductible singularité n'en soit altérée. »
Les coups de pinceaux accumulés presque à saturation sont comme des uppercuts, résultats d'un corps-à-corps de l'artiste avec la toile. S'il esquisse toujours un dessin préparatoire à partir d'une photo comme point de départ, rapidement c'est la peinture qui prend la parole. Malmenée par les coups de pinceaux larges, elle devient comme une seconde peau sur la toile, épaisse. Cette surface-matière est tout aussi importante que le sujet peint et s'organise en une sorte de chaos en ébullition. L'énergie de la création est encore là, témoin de la jouissance et du bonheur de peindre.
« Après 35 ans de peinture, j'ai encore l'impression que je peins mon premier tableau, je recherche toujours une nouvelle émotion et quelque chose de différent, que ce soit dans la couleur ou dans le geste. Il n'y a pas de lassitude, pas d'ennui, mais l'obsession de la peinture est totale. »