RX | Paris - Le Marais

Bae Bien-U

Orum

Avec ce 3e solo show à la galerie RX, le Coréen Bae Bien-U réunit sept photographies monumentales sous le titre de « Orum ». Ces paysages volcaniques constituent le troisième thème cher à l'artiste, avec les forêts de pins et les vues marines. Le Domaine de Chaumont-sur-Loire avait consacré une exposition à ces montagnes monumentales en 2016.

 

« Catch the Wind »

La série « Orum » que Bae Bien-U poursuit depuis une vingtaine d’année est portée par cette volonté de l'artiste de révéler l'intangible à travers la matérialité de la photographie, de capter cet élément invisible qu'est le vent qui peut s'avérer d'une force démesurée lorsqu'il se fait typhon. « On peut entendre le vent mais on ne peut le voir qu'à travers l'eau, les arbres ou les montagnes. » D'où l'autre nom qu'il associe à cet ensemble, « Windscape ».

Ses formats sont toujours monumentaux, et alors que dans ses forêts de pins il favorise l'immersion du spectateur, ici, en jouant sur la ligne d'horizon qu'il place soit très haute, soit très basse, il nous tient à distance. Ses montagnes sombres aux courbes féminines se détachent sur des ciels clairs en des compositions flirtant avec l'abstraction. Ces cadrages serrés, qu'il découpe parfois en polyptyques, sont des espaces méditatifs où l'esprit seul peut pénétrer. Bae Bien-U recherche des témoignages de la spiritualité dans les paysages qu'il sillonne, sentiment renforcé ici par l'épuration des compositions. Par le minimalisme qui se dégage, on ne peut que faire le lien avec le photographe japonais Hiroshi Sugimoto.

 

« Orum » signifie petites collines volcaniques

C'est sur l'île volcanique de Jeju que sont issues ces images, la plus grande des quelque 3 350 îles de Corée, située à 85 km au sud et classée au patrimoine mondial de l'Unesco en 2007. Là se trouve le mont Halla, le point le plus du pays culminant à 1 950 mètres et les petites collines volcaniques sont appelées « oreum » en dialecte. Pour Bae Bien-U, il y a trois trésors sur cette île : le vent, les « femmes de la mer » qui plongent jusqu'à 10 mètres en apnée et ses eaux turquoises. Mais Bae Bien-U ne recherche pas des vues paradisiaques. Il s'y promène très tôt le matin, « à l'heure où le pécheur va poser ses filets » s'amuse-t-il et lorsque le temps est brumeux pour de beaux contrastes en noirs et blancs.

 

Bae Bien-U, photographe de paysage

Il se définit comme un photographe de paysage, marqué par la façon dont Ansel Adams a révélé la beauté des paysages, dont Edward Weston a transfiguré la nature, dont László Moholy-Nagy

a maîtrisé la lumière. Influencé par la peinture de paysage traditionnelle chinoise et coréenne, et tout particulièrement par les œuvres de Chung Sun (1676-1759), peintre de la dynastie Choson (1392-1910), Bae Bien-U capte la beauté de l'âme coréenne à travers des paysages symboliques et où l'homme est toujours absent. Il n'est qu'un élément d'un grand tout. Porté par la pensée orientale, il nous rappelle que la nature a une place centrale et qu'on ne peut que vivre en harmonie avec elle.

 

 

Biographie

Bae Bien-U est né en 1950 à Yosu, dans le Sud de la Corée. Il a été diplômé en 1974 en Beaux-arts à l'université Hong-ik à Séoul et obtient un master en 1978. En 1998 et 1999, une bourse de recherche l'amène en Allemagne, au Département de la Photographie & Design à l’université des Sciences Appliquées de Bielefeld. Il a enseigné la photographie au Seoul Institute of the Arts de 1981 à 2012.

Il travaille à la photographie argentique en noir et blanc depuis les années 1970, à une époque où la photographie n'était pas encore reconnue comme une discipline artistique en Corée. C'est par cet attachement à une technique traditionnelle et son contrôle des tirages que ses photographies sont si sensibles et uniques.

Il est considéré comme un des plus grands photographes coréens contemporains.

Il vit et travaille à Séoul, Corée du Sud.